Tout tombe

Je reçois de façon anachronique en plein coeur la tendresse avec laquelle, lorsqu’une crise survient la nuit, mon père prend soin de mon frère inconscient, restant longtemps à ses côtés, lui parlant doucement, lui massant du pouce les arcades sourcilières, comme quand nous faisions des cauchemars, petits, changeant ses draps dès que c’est possible, ne se laissant jamais aller à la panique, ne brusquant rien, tout humble, présent mais impuissant à empêcher ce qui arrive.
Je me lève toujours moi aussi, chantonne quelque chose, caresse le front de mon frère, prie, puis reste dans le couloir, accroupie, adossée au petit bout de mur qui sépare nos deux chambres, à regarder dans le noir et écouter le calme revenu. Point d’interrogation.

Élisabeth

Dessins Baptiste

Elle a souffert, voilà. Et maintenant elle est comme ça. Depuis la naissance.
Ce n’est pas grave pour nous. Quand on a une enfant comme ça, on s’en occupe.
Elle sait qu’on s’occupe d’elle. Elle est plus attachée à nous que sa sœur.

Papa d’Anh-Minh